Une Cie britannique construit un parc éolien au Sahara occupé
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Le Maroc et Siemens poursuivent leurs projets de production d'énergie dans le cloaque des droits de l'homme qu'est le Sahara Occidental : le premier parc éolien litigieux construit par une compagnie britannique près de Boujdour devrait être opérationnel en décembre 2018.

Publié 02 novembre 2017

Dans un communiqué de presse du 5 octobre 2017, Windhoist, une société de construction d'éoliennes basée au Royaume-Uni, se déclare "ravie de revenir au Maroc". "À cette occasion, Windhoist construira 56 éoliennes Siemens de 3,6-130 x 100mhh au parc éolien d'Aftissat, situé à 45 km au sud de Boujdour au Sahara Occidental", poursuit le communiqué de presse. "Le parc éolien de 391 M $ est en cours d'élaboration pour la compagnie Énergie Éolienne du Maroc (EEM) qui utilisera les importants 201,6 MW d'énergie pour alimenter les entreprises industrielles au Maroc".

La communiqué ne mentionne pas que l'emplacement n'est pas du tout au Maroc. La partie du Sahara Occidental où la compagnie britannique construit les éoliennes est sous occupation illégale par le Maroc. Le texte ne mentionne pas non plus que leur partenaire EEM est contrôlé par la famille royale marocaine.

Le parc éolien d'Aftissat de 200 MW devrait être pleinement opérationnel en décembre 2018.

En décembre 2016, Nareva a annoncé avoir obtenu le financement nécessaire pour le parc éolien d'Aftissat : un investissement total de 4 milliards de dirhams marocains (environ 370 millions d'euros) sera financé par les actionnaires d'EEM et par des prêts bancaires consentis par un consortium de banques marocaines.

Comme l'indique le communiqué de presse de Windhoist, la puissance générée à Aftissat est destinée aux grands utilisateurs industriels. Dans une déclaration diffusée par Nareva en décembre 2016 et largement reprise dans les médias marocains, des entreprises sont spécifiquement mentionnées : LafargeHolcim Maroc, OCP, Ciments du Maroc, Sonasid, Managem, la Snep et Air Liquide Maroc figurent tous dans la liste des clients industriels du parc éolien. Les trois premiers mènent des opérations controversées dans le territoire occupé.

Le parc éolien d'Aftissat n'est pas le seul parc éolien situé à proximité de la ville côtière de Boujdour. En mars 2016, la compagnie nationale marocaine d'électricité ONEE a officiellement annoncé que Siemens - en collaboration avec les italiens Enel Green Power et Nareva, propriété du roi du Maroc - avait remporté un contrat de 1,2 milliard de dollars pour installer 850 MW d'éoliennes sur cinq fermes éoliennes au Maroc. Seulement, deux des cinq fermes envisagées seraient situées au Sahara Occidental occupé : une ferme de 300 MW à Tiskrad, près d'El Aaiun, et une ferme de 100 MW près de Boujdour. Cette ferme devrait être opérationnelle en 2020. Western Sahara Resource Watch a publié le 2 novembre 2016 un rapport concernant les programmes globaux d'énergie renouvelable du Maroc dans le territoire occupé. Le rapport mentionne que plus d'un quart de l'énergie renouvelable marocaine serait produite sur les terres occupées d'ici 2020. Le projet Aftissat n'a pas été mentionné dans ce rapport et n'entre pas dans ce calcul.

Siemens a inauguré le 11 octobre 2017 son usine de pales à Tanger, au nord du Maroc. Cette usine fait partie des arrangements du grand contrat d'installation de 850 MW d'éoliennes. L'un des premiers clients de l'usine est le parc éolien Aftissat de 200 MW.

La Cour de justice de l'UE a déclaré le 21 décembre 2016 que le Sahara occidental est un territoire « séparé et distinct » du Maroc et a jugé que les accords commerciaux avec le Maroc ne peuvent couvrir le Sahara Occidental que si les représentants du territoire y ont consenti. Le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU a également souligné la nécessité du consentement du peuple sahraoui. Siemens ignore les conclusions de l'ONU et de la CJUE et rejette systématiquement les réponses aux questions relatives à la recherche du consentement du peuple du Sahara Occidental.

La sortie de la page Web de Windhoist peut également être téléchargée ici (pdf). 

Mise à jour. WSRW a écrit à la compagnie le 27 novembre 2017. Toujours sans réponse.

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