Le pillage dénoncé à l'Assemblée générale de l'ONU
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La question du pillage du Sahara Occidental est revenue sur le tapis, lorsque la commission des Nations Unies chargée des questions de décolonisation s’est réunie cette semaine pour discuter du processus de décolonisation au Sahara Occidental. Les compagnies de divers pays ont été critiquées pour leurs exportations illégales de phosphate, particulièrement pour des expéditions vers Gand (Belgique), Varna (Bulgarie) et Tampa (Etats-Unis) qui ont eu lieu cette semaine. Voici l’intervention du rapporteur du Comité norvégien de soutien au Sahara Occidental.

Publié 27 octobre 2008

La quatrième commission des Nations Unies - également connue sous le nom de Commission spéciale pour les problèmes politiques et la décolonisation - est une des six commissions principales de l'Assemblée Générale. La commission rédige les projets de résolution et les décisions pour les réunions plénières de l'Assemblée Générale.

Audition des pétitionnaires sur le Sahara Occidental par la Commission spéciale chargée des problèmes politiques et de la décolonisation, (Quatrième Commission), Nations Unies, New York, 9 octobre 2008.

Remarques de Mikael Simble, représentant du Comité norvégien de soutien au Sahara Occidental : 

Monsieur le Président, Messieurs les délégués,

Tout d'abord, je voudrais vous remercier de me permettre de m'adresser à vous ici aujourd'hui au nom du Comité norvégien de soutien au Sahara Occidental. Pour nous, le respect de la légalité internationale et des droits de l'homme est fondamental pour la résolution de n'importe quel conflit international.

Malheureusement, tous les gouvernements ne soutiennent pas ces principes. Au moins ne sont-ils pas tout à fait disposés à se laisser guider leurs actions par ces principes quand il s'agit du Sahara Occidental. Car cette honorable assistance est bien consciente qu'il y a un grand nombre d'actes, d'avis et de résolutions des Nations Unies qui confirment le statut du Sahara Occidental comme territoire non autonome et l'illégalité de son occupation par le Maroc. Les exemples en ont été donnés par la résolution de la Cour de Justice Internationale en octobre 1975 et par l'opinion exprimée par le Sous-Secrétaire des Nations Unies, M.Hans Corell, en 2002. Néanmoins, des états comme la France et les Etats-Unis continuent à apporter un appui politique et matériel à l'occupation du Sahara Occidental par le Maroc. Cela doit cesser.

De même, plusieurs compagnies privées et d'Etat de nombreux pays collaborent consciemment avec l'occupant marocain en exploitant les riches ressources naturelles du Sahara Occidental, balayant les protestations des Sahraouis eux-mêmes, du mouvement international de solidarité et parfois de leur propre gouvernement lorsque ces instances leur rappellent qu'elles sont en violation du droit international et qu'elles soutiennent et financent, ce faisant, une occupation brutale et illégale.

Nous croyons que ces attitudes et actes sapent sérieusement les efforts des Nations Unies pour résoudre le conflit du Sahara Occidental ; ils minent notre sécurité commune et seront une source de honte pour ces pays et ces compagnies quand on finira par écrire l’histoire de la libération des colonies en Afrique.

C'est pourquoi le Comité norvégien de soutien au Sahara Occidental s’est trouvé en août de cette année dans l’obligation de dénoncer la compagnie norvégienne d’engrais Yara International à la police norvégienne pour vol de marchandises. Contrairement à leurs propres promesses et au conseil de son plus important actionnaire, le gouvernement norvégien, Yara avait importé une fois de plus des phosphates du Sahara Occidental vers leur lieu de transformation à Hærøya, Norvège.

D’autres compagnies norvégiennes, telles que la compagnie maritime Gearbulk et la compagnie de pêche Sjøvikgruppen ont jusqu'ici résisté à des appels pour cesser leur exploitation des ressources au Sahara Occidental, mais toutes deux et d'autres compagnies étrangères peuvent s'attendre à une pression extérieure accrue à l’avenir.

Un autre exemple, ici aux Etats-Unis : hier, le 8 octobre, un navire chargé de phosphates du Sahara Occidental occupé accostera à Tampa, Floride. L'importateur local, le producteur d'engrais Mosaic Co, doit avoir payé à la compagnie marocaine de phosphate d'état près de 15 millions d'USD, pour cette seule expédition. Cette somme est égale à la moitié de toute l'aide multilatérale apportée aux camps de réfugiés en Algérie. Cette semaine a également vu des expéditions semblables arriver en Belgique et Bulgarie.

En même temps, cette semaine et la semaine dernière, les Sahraouis ont défilé au Sahara Occidental pour protester contre cette industrie. Hier, il y a eu une manifestation au Sahara Occidental contre Island Oil and Gas, compagnie irlandaise, qui recherche du pétrole pour le gouvernement marocain, au mépris de l'avis exprimé par l'ONU depuis 2002.

Nous saisissons cette occasion pour répéter notre invitation envers ces compagnies, leurs actionnaires et les gouvernements représentés ici à mettre un terme à ces activités fortement contraire à l’éthique et inacceptables.

Monsieur le Président, 
Parmi la longue liste de sujets d’inquiétudes concernant le sort réservé aux Sahraouis sous occupation et la situation déplorable des réfugiés sahraouis, nous sommes particulièrement touchés par le sort réservé aux défenseurs des droits de l'homme au Sahara. Ces défenseurs des droits de l'homme sont victimes de la part des forces marocaines de harcèlement et de mauvais traitements et finissent le plus souvent comme prisonniers politiques dans l’infâme « Prison Noire » d’ El Aaiun ou en quelque autre prison du Maroc. Comme cela a été prouvé et dénoncé par des organismes sahraouis, marocains et internationaux des droits de l'homme, la majorité des prisonniers est soumise à des interrogatoires prolongés et certains ou tous subissent les violations suivantes de droits de l'homme : passages à tabac, torture ou tout autre traitement dégradant, viol, menaces de viol ou meurtre, alimentation forcée ou transfusions en cas de grève de la faim, isolement et déportation vers d’aux prisons marocaines.

Parmi eux figurent des exemples éclatants d'attachement à la cause de la liberté, de la tolérance et de la dignité, comme Mm. Aminatou Haidar, distinguée par plusieurs prix de droits de l'homme tels que la médaille commémorative de Robert F Kennedy ce mois-ci. D'autres militants qui méritent d’être cités sont Brahim Noumria, Sidi Mohammed Daddach et tant d'autres qui ont souffert de la «disparition forcée», de la torture et de nombreuses années d'emprisonnement dans des conditions moins qu'humaines aux mains des occupants marocains.

Il est important que les participants de ce forum comprennent que le destin de ces défenseurs des droits de l'homme - souvent des prisonniers politiques - est crucial pour le succès des efforts des Nations Unies au Sahara Occidental. Je mentionnerai trois raisons à cela:

1: Ces personnes font sur le tas le travail des Nations Unies. Ce sont celles qui favorisent le plus activement l'exécution des résolutions de l'ONU au Sahara Occidental, et elles le font par des moyens pacifiques.

2: Par leur courage, leur engagement et la disponibilité avec laquelle elles sont prêtes à sacrifier leur liberté et même leur propre vie, elles défendent des valeurs généralement très malmenées comme le respect des droits de l'homme, le respect du droit international et des accords de paix négociés, ainsi que l'inviolabilité des frontières coloniales héritées.

3: Par leur travail non violent, fondé clairement sur le respect des droits de l'homme et la légalité internationale, elles construisent les bases de la future coexistence pacifique entre un Sahara Occidental décolonisé et le Maroc, espérant ainsi éviter que le conflit ne revienne à l'ordre du jour du Conseil de Sécurité de l'ONU et de la Quatrième Commission.

Monsieur le Président, 
Il ne devrait y avoir aucun doute sur le fait que la plupart de Sahraouis, vivant sous occupation ou en exil, sont déterminés à poursuivre leur lutte pour leur droit inaliénable à l'autodétermination. Dans cette situation, le Maroc a deux options : continuer à supprimer brutalement toute contestation et protestation au Sahara Occidental par des arrestations, la torture, les assassinats et les "disparitions" - ou commencer à emprunter le chemin du respect des droits de l'homme, de la démocratie et de la légalité internationale. Jusqu' à ce jour, le Maroc a obstinément suivi le chemin de l'oppression et de la violation continuelle du droit international.

Il est donc grand temps que la communauté internationale, représentée par les Nations Unies, dise au Maroc que cela suffit. Des pays comme la France et les Etats-Unis doivent placer le respect du droit international et la liberté des autres avant leurs propres intérêts. L’occupation marocaine continuelle du Sahara Occidental non seulement menace la paix et la stabilité du Maghreb tout entier, mais sape également les capacités et ébranle la crédibilité des Nations Unies en tant qu'arbitre dans des conflits internationaux. Les compagnies étrangères qui collaborent avec l'occupant marocain doivent comprendre que les hautes valeurs éthiques et la responsabilité sociale les distingueront comme des compagnies tournées vers le futur et non vers le passé.

Tandis que la communauté internationale temporise et discute cette question, les Sahraouis payent de leur liberté, leur exil, leur sang et leurs larmes, pour accéder à leurs droits inaliénables à vivre en tant que nation. Nous faisons donc appel à tous les gouvernements et organismes représentés ici aujourd'hui pour exercer une véritable et réelle pression sur le Maroc afin qu’il cesse immédiatement la répression du peuple sahraoui, qu’il respecte les droits de l'homme, qu’il mette un terme au blocus virtuel du Sahara Occidental et qu’en dernier lieu, il cesse l’occupation du Sahara Occidental.

Merci de votre attention.

 

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