Un cabinet de juriste américain continue son lobby pro-occupation
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Covington & Burling, le cabinet américain de lobby juridique qui plaide en faveur du commerce marocain du phosphate dans les territoires occupés du Sahara Occidental est venu jusqu’à Oslo pour expliquer à un investisseur comment les Sahraouis sont supposés bénéficier du commerce. Pourtant, l'entreprise refuse de parler aux Sahraouis ou à la société civile sur cette industrie.
Publié 16 décembre 2011


Le cabinet de juriste américain Covington & Burling, qui a défendu d’autres clients controversés par le passé, représente depuis un certain nombre d'années la compagnie marocaine nationale qui exploite le phosphate au Sahara Occidental occupé.

Les représentants du cabinet juridique se sont rendus l'année dernière à Oslo avec leurs clients pour défendre leur commerce du phosphate sur le territoire. Le commerce se fait dans le mépris des souhaits et des intérêts des Sahraouis, il est donc en violation du droit international, et donc contre l'avis juridique de l'ONU sur la question.

La réunion à Oslo le 24 août 2010 est une conséquence de l’interrogation sur l’éthique de ce commerce par les fonds de pension de la Norvège, le plus grand fonds du monde. Le fonds avait lourdement investi dans plusieurs clients de l'OCP possédant des contrats à long terme au Sahara Occidental. La visite a cependant été un échec pour le cabinet d'avocats. Le 6 décembre 2011, le ministère norvégien des Finances a déclaré que le commerce ne profite pas aux Sahraouis, et qu'il constitue une "violation particulièrement grave des normes éthiques fondamentales».

Un «avis indépendant» sur ce commerce, écrit par Covington & Burling - le partenaire de l'OCP, a été utilisé par les entreprises importatrices de phosphate pour défendre leur commerce non éthique. Cependant, l'avis n'a jamais été rendu public. Le cabinet refuse systématiquement de répondre aux demandes de la société civile ou des Sahraouis.

"Je veux voir l'avis où ils prétendent que le commerce nous bénéficie", a déclaré l’étudiante sahraouie Senia Bachir Abderahman.

Senia étudie la santé publique à Oslo, en Norvège. Elle est surprise de savoir que l'entreprise prétend toujours être expert sur ce qui bénéficie aux Sahraouis. Abderahman a essayé précédemment de rencontrer le cabinet d'avocats aux États-Unis, sans succès (voir la vidéo à droite).

«Jusqu'à ce qu'ils rencontrent des Sahraouis, ils ne peuvent pas être pris au sérieux comme expert crédible sur la situation de mon peuple. Leur rapport n'a aucune légitimité, tant qu'il reste secret des Sahraouis et du public ", a déclaré Abderahmane.

Elle souligne que des Sahraouis dans les territoires occupés sont emprisonnés pour s'être opposés à ce commerce, se référant au secrétaire général du Comité pour la Protection des Ressources naturelles, M. Sidahmed Lemjiyed, qui est en prison depuis bientôt un an.

«Je ne suis pas obligé de vous répondre. Nous ne sommes absolument pas engagés avec vous pour quoi que ce soit. Vous n'êtes pas mon client, et selon nos informations vous n’avez pas d’intérêt ou de part dans notre compagnie", a déclaré Covington & Burling à WSRW. Lisez ici les efforts de WSRW pour obtenir cet avis juridique.

La recommandation du Conseil d'éthique renvoyant dans une note à l'avis de Covington & Burling, a été écrite le 4 octobre 2007, et s’intitule «légalité du développement des ressources en phosphate dans la région du Sahara».

Le rapport norvégien souligne la citation suivante dans l’avis de l'entreprise : «le Royaume du Maroc s'est conformé à toutes les obligations juridiques internationales qu'il pourrait avoir en tant que puissance administrante, à travers la manière dont, à la fois directement et par l'OCP, il a géré la ressource du phosphate dans la région du Sahara ».

Les deux entreprises BASF et FMC Corp ont admis que leurs "avis juridiques" sur le commerce du phosphate du Sahara Occidental a été écrit par Covington & Burling, et les deux refusent de partager cet avis.

Le ministère norvégien des Finances a déclaré le commerce hautement immoral et a conclu qu'il ne pouvait être démontré que le commerce du phosphate bénéficie aux Sahraouis. Dans le même temps, il a revendu des actions pour 256 millions d'euros dans les deux sociétés FMC et PotashCorp.

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