Signées à la Cop22 : des centrales solaires au Sahara occupé
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Le Maroc a choisi la société saoudienne ACWA Power pour développer 100 MW d'énergie solaire au Sahara Occidental occupé. L'accord a été signé lors de la conférence climatique de l'ONU, COP22.
Publié 17 novembre 2016


Le 15 novembre, lors de ce que les médias marocains désigne comme « une cérémonie à la COP22 », ACWA Power d’Arabie Saoudite a signé un accord avec l'Agence marocaine pour l'énergie solaire (MASEN) pour développer et exploiter un complexe de trois centrales solaires photovoltaïques (PV ) totalisant 170 MW.

Deux de ces centrales, totalisant 100 MW, seront situées non pas au Maroc mais dans le territoire qu’il occupe illégalement sur une grande partie depuis 1975 : le territoire non autonome du Sahara Occidental, également connu sous le nom dernière colonie d'Afrique.

L'accord sur 170 MW, dit programme Noor PV (photovoltaïque), fait suite à un appel d'offres international, auquel 20 consortiums - regroupant 37 entreprises internationales - ont participé. Le programme Noor PV 1 est livré à un prix de 220 millions de $ US. Le programme prévoit le développement d'une centrale solaire de 80 MW à El Aaiun, appelé Noor Laayoune (orthographe marocain de la capitale du Sahara Occidental) et une autre centrale de 20 MW à Boujdour, Noor Boujdour. Les 70 MW restants seront ajoutés à la centrale du site de Ouerzazate.

"Nous condamnons l’augmentation croissante des programmes d'infrastructure énergétique du Maroc sur le territoire qu'il occupe militairement. En dépit d'être remarquablement vert, ils sont fondamentalement sales, et contribuent au maintien de l'occupation", a déclaré Erik Hagen de Western Sahara Resource Watch (WSRW).

Le 2 novembre, WSRW a publié un rapport sur les programmes d’énergies renouvelables du Maroc au Sahara Occidental, qui enlisent l'occupation par l'approfondissement des liens du Maroc dans les territoires occupés. En 2020, plus d'un quart de l'énergie verte produite par le Maroc serait située dans les zones sous occupation militaire. Pas moins de 40% de la capacité solaire du Maroc viendrait alors du Sahara Occidental.

Plus tôt ce mois-ci, l’ancien conseiller juridique de l'ONU Hans Corell a taclé les projets d'énergies renouvelables du Maroc au Sahara Occidental. « Si l'on utilise le territoire du Sahara Occidental au profit du Maroc et pour les entreprises étrangères, sans consulter correctement le peuple du Sahara Occidental ou veiller à ce qu'ils soient ceux qui profitent de l'énergie éolienne, cela sera en violation du droit international et des principes des Nations Unies de l'entreprise responsable », a-t-il dit aux médias danois. L’ancien commandant en chef de la Mission de l'ONU au Sahara Occidental, le danois Kurt Mosgaard, craint que l'infrastructure énergétique contribue à prolonger le conflit.

ACWA Power se spécialise dans la production d'électricité et le dessalement de l'eau, et a travaillé auparavant pour le gouvernement marocain à la centrale solaire géante de Ouerzazate au Maroc.

Aucun État au monde ne reconnaît l'annexion marocaine du territoire.
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